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elles adoucissent son cœur, et lient tous ses désirs à l’intérêt commun. Quand un homme compatissant tombe, qui n’a pas pitié de lui ? qui n’accoure point pour le relever ? le cœur le plus barbare insultera-t-il sans remords à sa chute ? la lâcheté même, en dépit d’elle, conduit à la charité ; elle n’a qu’à calculer l’usure qu’elle peut un jour recevoir d’une bonne action : tant il est évident que dans le cours général des choses, un bon office est toujours récompensé ! j’ai dit général, et pourquoi ? la récompense est inséparable de l’action même : demandez à l’homme miséricordieux, qui a toujours une larme de tendresse prête à couler sur l’infortuné, et du pain à partager avec lui, si tout ce que les plus grands génies ont dit du plaisir, a exprimé ce qu’il a senti, quand par un bienfait favorable, il a entendu la joie retentir dans le cœur de la veuve ? voyez dans ses yeux les marques inaltérables du plaisir et de l’harmonie, et dites que Salomon n’a pas fixé la vraie jouissance quand il a dit : Les honneurs et les richesses n’apportent aucun autre avantage à l’homme que celui de bien faire avec elles pendant sa vie.

Il n’a pas porté ce jugement sans raison. Sans doute il avoit calculé l’insuffisance des