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ment à soi-même particulier, m’a refusé le droit de parler plus librement des plaisirs du siècle.

Quittons cette scène agréable, et que je vous conduise pour un moment à un spectacle plus propre à vos méditations. Allons à la maison de deuil ; elle n’est devenue telle qu’à la suite des événemens malheureux auxquels notre condition est exposée.

Là, peut-être, des parens âgés sont tristement assis, le cœur percé de mille douleurs, nourrissant leur chagrin des folies d’un enfant ingrat, d’un fils de leurs prières, dans lequel ils avoient concentré toutes leurs espérances. Peut-être est-ce une scène encore plus douloureuse, une famille vertueuse languissant dans le besoin. Son chef infortuné s’est longtemps débattu avec le malheur. Il vient de succomber ; un orage que la prudence et la frugalité n’ont pu prévoir vient de le jeter par terre. Grand Dieu ! vois son affliction. Considère-le déchiré par la douleur, entouré des gages tendres de l’amour conjugal et de la compagne de ses infortunes, sans avoir du pain à leur donner, incapable, par le souvenir de ses beaux jours, de le gagner en bêchant la terre, honteux de le mendier.

Quand nous entrons dans une maison