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servent rarement à cette épreuve ; mais que le moment de l’affliction est en quelque sorte celui de la piété. Ce n’est pas seulement parce que nos souffrances nous rappellent alors nos péchés ; mais en interrompant, en détournant nos poursuites, elles nous procurent ce que le fracas du monde nous refuse, quelques instans pour la réflexion, et voilà ce qui nous manque essentiellement pour nous rendre plus sages et plus prudens : il est si nécessaire que l’esprit de l’homme rentre quelquefois en lui-même, que plutôt que d’en laisser échapper l’occasion, il doit la prévenir, la chercher, aux dépens même de son bonheur présent : il doit plutôt, suivant notre texte, entrer dans la maison de deuil, où il trouvera les moyens de subjuguer ses passions, que dans la maison de fête, où la gaieté les excitera. Tandis que les délices de l’une exposent son cœur ouvert à toutes les tentations, les afflictions de l’autre l’en défendent en le fermant à leurs impressions ; tant l’homme est une créature étrange. Il est tissu d’une telle manière qu’il ne peut que poursuivre le bonheur, et cependant, à moins qu’il ne soit quelquefois malheureux, il doit se méprendre dans la voie qui y conduit. Tel est le sens des paroles de