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ce roi sage qui nous a assurés qu’il n’y a rien de meilleur dans la vie que manger, boire, et se réjouir dans ses œuvres.

L’ambition l’arrête comme il va éprouver cette doctrine facile, le prend par la main, et le conduit dans le monde. Elle lui montre les royaumes de la terre et leur gloire ; elle lui révèle les divers moyens d’augmenter sa fortune, et de s’élever aux honneurs. Elle étale à ses yeux les charmes enchanteurs du pouvoir, et lui demande s’il existe sur la terre un bonheur égal à celui d’être caressé, flatté, courtisé, suivi.

La philosophie enfin le trouve courant rapidement et avec fracas dans sa carrière bruyante ; elle le saisit et lui remontre, que s’il cherche le bonheur, il est bien loin de la voie qui y conduit ; que le dieu, depuis long-temps exilé du tumulte des cours, a choisi une solitude éloignée du commerce des hommes, et que s’il veut le trouver, il doit, laissant les intrigues, rétrograder vers une retraite paisible, où des amusemens simples et des livres instructifs ont fixé la félicité.

Tel est le cercle que l’homme parcourt. Après des essais infructueux, il s’assied enfin triste et fatigué, désespérant de voir jamais ses vœux s’accomplir, ne sachant, après tant