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traducteur doit être plus sobre que les éditeurs.

Cette traduction est littérale, malgré les leçons du purisme. Peut-on traduire Sterne autrement sans le défigurer ? Un moraliste, un historien sont rendus souvent par des tournures équivalentes, parce que leur mérite est dans les choses qu’ils écrivent ; mais quand celui d’un auteur original consiste plus dans sa manière que dans sa matière, c’est cette manière qu’il faut constamment imiter ; c’est alors qu’il faut craindre, qu’à force de polir une traduction, un coup de lime portant à faux, n’aplatisse un trait saillant, et n’efface l’empreinte de l’originalité précieuse au lecteur. Les Anglais ont craint de rendre Montaigne inconnoissable en le traduisant. Les mots nouveaux, et les tournures hardies, même dans sa langue, sont notés en lettres italiques.

Ce n’est pas qu’en prescrivant de traduire littéralement un ouvrage original, il faille le faire, comme dit Montaigne, à coup de dictionnaire. Si le mot propre n’est pas inspiré