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pas te tromper, Eliza ; je ne voudrois pas te ternir dans l’opinion du dernier des hommes, pour la plus riche couronne du plus fier des monarques.

Souvenez-vous que tant que j’aurai la plus chétive existence, que tant que je respirerai, tout ce qui est à moi, vous pouvez le regarder comme à vous… Je serois cependant fâché, pour ne point blesser votre délicatesse, que mon amitié eût besoin d’un pareil témoignage… L’argent et ceux qui le comptent ont le même but dans mon opinion, celui de dominer.

J’espère que tu répondras à cette lettre ; mais si tu en es empêchée par les élémens qui t’entraînent loin de moi, j’en écrirai une pour toi ; je la ferai telle que tu l’aurois écrite, et je la regarderai comme venue de mon Eliza.

Que l’honneur, le bonheur, la santé et les consolations de toute espèce fassent voile avec toi !… Ô la plus digne des femmes ! je vivrai pour toi et ma Lydia… Deviens riche pour les chers enfans de mon adoption. Acquiers de la prudence, de la réputation et du bonheur, s’il peut s’acquérir, pour le partager avec eux, et eux avec toi… pour