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à un ami ou à un philosophe sensible… Dans le premier, vous paroissez brillante et parée avec tout l’avantage de la soie, des perles et de l’hermine… Dans le mien, simple comme une vestale, ne vous montrant que la bonne fille que la nature vous a faite ; ce qui me paroît moins affecté et m’est bien plus agréable que de voir mistriss Draper, le visage animé, et toutes ses grâces en jeu, allant à une conquête avec un habit de jour de naissance.

Si je m’en souviens bien, Eliza, vous fîtes des efforts peu communs pour rassembler sur votre visage tous les charmes de votre personne, le jour que vous vous fîtes peindre pour mistriss James, vos couleurs étoient brillantes, vos yeux avoient plus d’éclat qu’ils n’en ont ordinairement… je vous priai d’être simple et sans parure, lorsque vous vous feriez peindre pour moi… sachant bien, comme je vous voyois sans prévention, que vous ne pouviez tirer aucun avantage de l’aide du ver à soie, ni du secours du bijoutier…

Laissez-moi vous répéter une vérité que vous m’avez déjà, je crois, entendu dire… La première fois que je vous vis, je vous regardai comme un objet de compassion, et comme une femme bien ordinaire. L’ar-