la tromperie. Si je vous disois que je pourrai vous aimer un jour, je vous tromperois : c’est impossible. »
« Ciel ! qu’ai-je entendu ! impossible de m’aimer ! Ai-je donc une forme si hideuse ? Suis-je donc un monstre ? La nature m’a-t-elle jeté dans un moule si grossier, que je sois un objet de dégoût, d’horreur pour la plus belle, la plus aimable des créatures ? s’il en est ainsi… »
« Non, monsieur ; vous êtes injuste envers la nature : injuste envers vous-même. Vous avez une figure aimable, une taille élégante, un extérieur agréable, embelli encore de tous les charmes de l’art, mais telle est ma cruelle destinée. » — Ici un torrent de larmes lui coupa la parole.
« Oh ! madame, lui dis-je, en tombant à ses genoux, je vous en conjure, écoutez la prière du plus ardent de vos adorateurs. — Ce n’est pas parce que les ordres d’un père semblent me donner un titre à votre main. — Je ne veux la devoir qu’à vous-même. — Mais, je vous en conjure, permettez-moi de m’efforcer à la mériter ; permettez-moi de vous convaincre de la réalité de ma passion, aussi ardente qu’elle est insurmontable. »