Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’étois le bien venu, et qu’on me remercioit de ce que je n’avois pas paru en douter.

Étoit-ce cela, ou, dis-le moi, Nature, étoit-ce autre chose qui me faisoit paroître ce morceau si friand ? À quelle magie étois-je redevable des délices que je goûtois en buvant un verre de vin de cette bouteille, et qui semble encore m’affecter le palais ?

Le souper étoit de mon goût ; les actions de grâces qui le suivirent en furent encore plus.


ACTIONS DE GRÂCES.


Le souper fini, le vieillard donne un coup sur la table avec le manche de son couteau. C’étoit le signal de se lever de table et de se préparer à danser. Dans l’instant, les femmes et les filles courent dans une chambre à côté pour arranger leurs cheveux, et les hommes et les garçons vont à la porte pour se laver le visage, et quitter leurs sabots pour prendre des souliers. En trois minutes, toute la troupe est prête à commencer le bal sur une petite esplanade de gazon qui étoit devant la cour. Le vieillard et sa femme sortent les derniers. Je les accompagne, et me place entr’eux sur un petit sofa de verdure près de la porte.