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seule fois à la ronde chez toutes ces personnes, comme cela se pratique ordinairement ; et en traduisant, selon ma coutume, les figures et les attitudes françoises en anglois, j’aurois vu à chaque fois que j’avois pris le couvert de quelqu’un qui auroit été plus agréable à la compagnie que moi. L’effet tout naturel de ma conduite eût été de résigner toutes mes places l’une après l’autre, uniquement parce que je n’aurois pas su les conserver… Mon secret opéra si bien, que les choses n’allèrent pas mal.

Je fus introduit chez le vieux marquis de… Il s’étoit signalé autrefois par une foule de faits de chevalerie dans la cour de Cythère, et il conservoit encore l’idée de ses jeux et de ses tournois… Mais il auroit voulu faire croire que les choses étoient encore ailleurs que dans sa tête. Je veux, disoit-il, faire un tour en Angleterre ; et il s’informoit beaucoup des dames angloises… Croyez-moi, lui dis-je, M. le marquis, restez où vous êtes. Les seigneurs anglois ont beaucoup de peine à obtenir de nos dames un seul coup-d’œil favorable ; et le vieux marquis m’invita à souper.

M. P… fermier-général, me fit une foule de questions sur nos taxes… J’entends dire,