Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elles sont aussi utiles aux prédicateurs qu’aux rois, aux héros, aux guerriers ; et quand je veux faire quelque sermon plus brillant qu’à l’ordinaire, je les lis, et j’y trouve un fonds inépuisable de matériaux. La Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphilie, le Mexique, me fournissent des textes aussi bons qu’aucun de la bible.

Il y a un passage fort long et fort obscur qui va de l’opéra-comique à une rue fort étroite. Il est fréquenté par ceux qui attendent humblement l’arrivée d’un fiacre, ou qui veulent se retirer tranquillement à pied quand le spectacle est fini. Le bout de ce passage, vers la salle, est éclairé par un lampion, dont la lumière foible se perd avant qu’on arrive à l’autre bout. Ce lumignon est peu utile, mais il sert d’ornement. Il est de loin comme une étoile fixe de la moindre grandeur… Elle brûle, et ne fait aucun bien à l’univers.

En m’en retournant le long de ce passage, j’aperçus, à cinq ou six pas de la porte, deux dames qui se tenoient par le bras, et qui avoient l’air d’attendre une voiture : comme elles étoient le plus près de la porte, je pensai qu’elles avoient un droit de priorité. Je me tapis donc le long du mur, presque à côté