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LE FRAGMENT.
Paris.


La Fleur, sans y songer plus que moi, m’avoit laissé de quoi m’amuser tout le jour.

Il m’avoit apporté le beurre sur une feuille de figuier. Il faisoit chaud, et il avoit demandé une mauvaise feuille de papier pour mettre entre sa main et la feuille de figuier. Cela tenoit lieu d’une assiette, et je lui dis de mettre le tout sur la table comme c’étoit. Le congé que je lui avois donné, m’avoit déterminé à ne point sortir. Je lui dis d’avertir le traiteur que je dînerois à l’hôtel, et de me laisser déjeûner.

Lorsque j’eus fini, je jetai la feuille de figuier par la fenêtre. J’en allois faire autant de la feuille de papier ; mais elle étoit imprimée. J’y jetai les yeux. J’en lus une ligne, puis une autre, puis une troisième ; cela excita ma curiosité. Je fermai la fenêtre, j’en approchai un fauteuil, et me mis à lire.

C’étoit du vieux françois, qui paroissoit être du temps de Rabelais ; c’étoit peut-être lui qui en étoit l’auteur. Le caractère en étoit gothique, et si effacé par l’humidité et par