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Je lui tenois encore les mains… et je ne sais comment cela arriva… je ne lui dis pas de s’y asseoir… je ne l’y attirai pas… je n’y pensois même pas..... cependant nous nous trouvâmes tous deux assis sur le pied du lit.

Il faut, dit-elle, que je vous montre la petite bourse que j’ai faite ce matin pour mettre votre écu..... Elle la chercha dans sa poche droite qui étoit de mon côté, et la chercha pendant quelque temps ; ensuite dans sa poche gauche, et ne la trouvant point, elle craignoit de l’avoir perdue..... Je n’ai jamais attendu une chose avec autant de patience. Enfin, elle la trouva dans sa poche droite, et l’en tira pour me la montrer. Elle étoit de taffetas vert doublé de satin blanc piqué, et n’étoit pas plus grande qu’il ne falloit pour contenir l’écu qui étoit dedans. Elle me la mit dans la main ; elle étoit joliment faite..... Je la tins dix minutes, le revers de ma main appuyé sur ses genoux… Je regardai la bourse, et quelquefois à côté.

J’avois un col plissé, dont quelques fils s’étoient rompus. Elle enfila, sans rien dire, une aiguille, et se mit à le racommoder… Je prévis alors tout le danger que couroit ma gloire..... Sa main, qu’elle faisoit passer