Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le jour de cet événement solennel. C’est ainsi que je l’appelle. Quel autre nom pourroit lui donner un voyageur sentimental ?

Le marquis, tenant par la main une épouse respectable, parut avec modestie au milieu de l’assemblée. Son fils aînée conduisoit sa sœur. Le cadet étoit à côté de sa mère. Un mouchoir cachoit les larmes de ce bon père.

Le silence le plus profond régnoit dans toute l’assemblée. Le marquis remit sa femme aux soins de son fils cadet et de sa fille, avança six pas vers le président, et lui redemanda son épée. On la lui rendit. Il ne l’eut pas plutôt, qu’il la tira presque toute entière hors du fourreau..... C’étoit la face brillante d’un ami qu’il avoit perdu de vue depuis quelque temps. Il l’examina attentivement, comme pour s’assurer que c’étoit la même. Il aperçut un peu de rouille vers la pointe : il la porta plus près de ses yeux, et il me sembla que je vis tomber une larme sur l’endroit rouillé ; je ne pus y être trompé par ce qui suivit.

Je trouverai, dit-il, quelqu’autre moyen pour l’ôter.

Il la remit ensuite dans le fourreau, remercia ceux qui en avoient été les déposi-