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sette en vendant ce qu’elle fait… à moins que la providence ne nous eût offert un meilleur moyen.

Je priverois les âmes sensibles d’un plaisir, si je ne leur racontois pas ce qui arriva à ce pauvre chevalier de Saint-Louis, huit ou neuf mois après.

Il se tenoit ordinairement près de la grille du château. Sa croix attira les regards de plusieurs personnes qui eurent la même curiosité que moi, et il leur raconta la même histoire avec la même modestie qu’il me l’avoit racontée. Le roi en fut informé. Il sut que c’étoit un brave officier qui avoit eu l’estime de tout son corps, et il mit fin à son petit commerce, en lui donnant une pension de quinze cents livres.

J’ai raconté cette anecdote dans l’espoir qu’elle plairoit au lecteur ; je le prie de me permettre, pour ma propre satisfaction, d’en raconter une autre arrivée à une personne du même état : les deux histoires se donnent jour réciproquement, et ce seroit dommage qu’elles fussent séparées.