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personnes passèrent sous la porte, et il leur fit les mêmes plaintes de sa captivité, en volant de leur côté dans sa cage… Je ne peux pas sortir… Oh ! je vais à ton aide, m’écriai-je, je te ferai sortir, coûte qu’il coûte… La porte de la cage étoit du côté du mur ; mais elle étoit si fort entrelacé avec du fil d’archal, qu’il étoit impossible de l’ouvrir sans mettre la cage en morceaux… J’y mis les deux mains.

L’oiseau voloit à l’endroit où je tentois de lui procurer sa délivrance. Il passoit sa tête à travers le treillis, et y pressoit son estomac, comme s’il eût été impatient..... Je crains bien, pauvre petit captif, lui disois-je, de ne pouvoir te rendre la liberté… Non, dit le sansonnet, je ne peux pas sortir… je ne peux pas sortir…

Jamais mes affections ne furent plus tendrement agitées..... Jamais dans ma vie aucun accident ne m’a rappelé plus promptement mes esprits dissipés par un foible raisonnement. Les notes n’étoient proférées que mécaniquement ; mais elles étoient si conformes à l’accent de la nature, qu’elles renversèrent en un instant tout mon plan systématique sur la Bastille ; et le cœur appesanti, je remontai l’escalier avec des pensées