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coin de la rue de Nevers, où nous devions nous séparer.

Est-ce ici le chemin, lui dis-je, ma chère, de l’hôtel de Modène ? Oui ; mais on peut y aller aussi par la rue Guénégaud qui est un peu plus loin… Hé bien ! j’irai donc par la rue Guénégaud, pour deux raisons ; d’abord, parce que cela me fera plaisir ; et ensuite, pour vous accompagner plus longtemps. En vérité, dit-elle, je souhaiterois que l’hôtel fût dans la rue des Saints-Pères C’est peut-être là que vous demeurez ? lui dis-je. — Oui, Monsieur ; je suis femme-de-chambre de madame de R… Bon Dieu ! m’écriai-je, c’est la dame pour laquelle on m’a chargé d’une lettre à Amiens. Elle me dit que madame de R… attendoit en effet un étranger qui devoit lui remettre une lettre, et qu’elle étoit fort impatiente de le voir… Hé bien, ma chère enfant, dites-lui que vous l’avez rencontré. Assurez-la de mes respects, et que j’aurai l’honneur de la voir demain matin.

C’étoit au coin de la rue de Nevers que nous disions tout cela… Nous étions arrêtés, parce que la jeune fille vouloit mettre les deux volumes qu’elle venoit d’acheter dans