Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il venoit de tracer ma façon de penser. Je n’aurois pas pu l’exprimer aussi bien ; c’étoit la seule différence.

Rien n’est plus incommode pour un cavalier, que d’avoir un cheval entre ses jambes qui dresse les oreilles et fait des écarts à chaque objet qu’il aperçoit : cela m’inquiète fort peu… mais j’avoue franchement que j’ai rougi plus d’une fois pendant le premier mois que j’ai passé à Paris, d’entendre prononcer certains mots auxquels je n’étois pas accoutumé. Je croyois qu’ils étoient indécens, et ils me soulevoient… Mais je trouvai, le second mois, qu’ils étoient sans conséquence, et ne blessoient point la pudeur.

Madame de Rambouillet, après six semaines de connoissance, me fit l’honneur de me mener avec elle à deux lieues de Paris dans sa voiture….. On ne peut être plus polie, plus vertueuse et plus modeste qu’elle dans ses expressions… En revenant, elle me pria de tirer le cordon… Avez-vous besoin de quelque chose ? lui dis-je… Rien que de pisser, dit-elle.

Ami voyageur, ne troublez point madame de Rambouillet ; et vous, belles nymphes qui faites les mystérieuses, allez cueillir des roses, effeuillez-les sur le sentier où vous vous ar-