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de plaisir qu’aucune autre que j’ai eu l’honneur de faire en Italie.


LE NAIN.
Paris.


Je n’ai jamais oui dire que quelqu’un, si ce n’est une seule personne que je nommerai probablement dans ce chapitre, eût fait une remarque que je fis au moment même que je jetai les yeux sur le parterre, et qui me frappa d’autant plus vivement, que je ne me souvenois même pas trop qu’on l’eût faite ; c’est le jeu inconcevable de la nature, en formant un si grand nombre de nains. Elle se joue sans doute de tous les pauvres humains dans tous les coins de l’univers ; mais à Paris, il semble qu’elle ne mette point de bornes à ses amusemens. Cette bonne déesse paroît aussi gaie qu’elle est sage.

J’étois à l’Opéra-comique ; mais toutes mes idées n’y étoient pas renfermées, et elles se promenoient dehors comme si j’y avois été moi-même… Je mesurois, j’examinois tous ceux que je rencontrois dans les rues : c’étoit une tâche mélancolique, surtout quand la taille étoit petite… le visage très-brun,