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accourir ma mère chez la nourrice ; et Suzanne n’eut que le temps tout juste de s’échapper par l’escalier de derrière, tandis que ma mère montoit l’autre.

Or, quoique je fusse assez vieux pour pouvoir raconter mon histoire, et assez jeune, j’espère, pour la raconter sans malice, — cependant Suzanne, en traversant la cuisine, l’avoit dite en abrégé à la cuisinière, de crainte d’accident. La cuisinière l’avoit rendue à Jonathan, avec un commentaire, et Jonathan à Obadiah ; — de sorte qu’après que mon père eut sonné une demi-douzaine de fois pour savoir ce qui étoit arrivé, Obadiah fut en état de lui en rendre un compte exact, et de lui dire tout ce qui s’étoit passé. — Ma foi ! j’y pensois, dit mon père, en retroussant sa robe de chambre, et il monta l’escalier.

De ce j’y pensois de mon père, on voudroit peut-être inférer (quoiqu’à dire vrai je ne sache pas trop pourquoi), que mon père en ce moment venoit d’écrire ce chapitre remarquable de la Tristrapédie, lequel est pour moi le plus original et le plus amusant de tout le livre ; — je veux dire, le chapitre sur les fenêtres à coulisse, avec une diatribe mordante sur la négligence des femmes de