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grossissoit sous sa main… Qu’aucun homme ne dise en s’asseyant à son bureau : Je vais écrire un in-12.

Mon père cependant s’y livra tout entier, et avec un zèle infatigable ; — composant, méditant, travaillant chaque ligne et chaque mot avec autant de précaution et de circonspection (quoique non pas peut-être par un principe si religieux) que Jean de la Casa, cet archevêque de Bénévent, qui passa quarante ans de sa vie à composer sa Galathée, laquelle Galathée, au bout de ce temps, n’avoit pas la moitié de volume et d’épaisseur du Messager boiteux. —

À moins d’être comme moi dans le secret, on ne devineroit jamais comment ce saint homme put y employer tant de temps ; — hors qu’il n’en passât la plus grande partie à peigner ses moustaches, ou à jouer à la prime avec son chapelain. — Mais je veux le dire à la face de l’univers, je veux expliquer la méthode de Jean de la Casa ; — ne fût-ce que pour l’encouragement du petit nombre d’auteurs, qui écrivent pour la gloire plus que pour l’argent.

J’avoue, monsieur, que si Jean de la Casa, (dont j’honore et respecte infiniment la mémoire au dépit de sa Galathée), n’eût été