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gentilhomme du meilleur cœur et du meilleur naturel qu’il y ait au monde, dit Obadiah. — « Oui, sans doute, dit le caporal ; et aussi brave qu’on en ait jamais vu à la tête d’un peloton. — Jamais le roi n’a eu un meilleur officier, ni Dieu un meilleur serviteur. — Il marcheroit sur la bouche d’un canon, quand il verroit la mêche allumée, prête à mettre le feu. — Eh bien, ôtez-le de-là, ce même homme est doux comme un enfant, il ne voudroit pas faire de mal à un poulet. »

J’aimerois mieux, dit Jonathan, mener ce gentilhomme-là pour sept livres sterlings par an, que tout autre pour huit. — « Grand merci pour les vingt schelings, Jonathan. — Oui, Jonathan, ajouta le caporal, en lui secouant la main, c’est comme si tu avois mis cet argent dans ma poche. Pour mon compte, je le servirois sans gages jusqu’au jour de ma mort, et je lui dois bien cette marque d’attachement. — Ô le bon maître ! il est pour moi comme un ami, comme un frère ; — et si j’étois sûr que mon pauvre frère Tom mourût, ajouta le caporal en tirant son mouchoir, — quand j’aurois dix mille livres sterlings, je les laisserais au capitaine jusqu’au dernier scheling. »

Trim ne put retenir ses larmes en donnant