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se faisoient les saucisses, — quelle espèce de viande, quelles herbes, quelles épices y entroient. — Ensuite, d’un ton un peu plus gai, avec quels boyaux, — si les plus gros étoient les meilleurs, — s’ils ne crevoient jamais, — etc. ? Ayant seulement l’attention de rester plutôt en arrière que de trop s’avancer, et de ne rien risquer sans être à-peu-près assuré du succès. » —

« C’est pour avoir négligé cette précaution, Trim, dit mon oncle Tobie en s’appuyant sur l’épaule du caporal, que le comte de la Motte perdit la bataille de Wynendale. Il s’avança imprudemment dans le bois ; et sans cela Lille ne seroit pas tombé dans nos mains, non plus que Gand et Bruges, qui suivirent son exemple. L’année étoit si avancée, continua mon oncle Tobie, et la saison devint si mauvaise, que si les choses n’avoient pas tourné comme elles firent, nos troupes auroient péri en pleine campagne. » —

« Mais, dit Trim, ne seroit-ce pas que les batailles, ainsi que les mariages, sont écrites dans le ciel ? »

Mon oncle Tobie rêva.

Sa religion l’engageoit à dire d’une façon. — Sa haute idée de l’art militaire le poussoit à dire d’une autre. — Ne pouvant les accorder