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tenir d’englober toute la nation dans une réflexion générique que je fis en ces termes :

Il y a toujours dans une voiture françoise quelque chose qui va mal à la sortie de chaque poste.

Ou bien en changeant la proposition :

Un postillon François ne sauroit faire un quart de lieue sans avoir besoin de descendre.

Et quoi encore de nouveau ? — Diable ! une soupente cassée ! une dent de loup rompue ! un trait défait ! une bande, un écrou, une courroie, une boucle, un ardillon…

N’imaginez pas pourtant que je me croie en droit de maudire la chaise de poste ni le postillon pour des accidens de cette espèce ; — ni que je jure par le Dieu vivant que je ferai plutôt le reste du chemin à pied ; — ni que je consente à être damné si l’on me voit remonter dans une pareille voiture, — non, je m’arme du plus beau sang froid, et je reconnois qu’en quelque pays que je voyage, il y aura toujours quelque écrou, courroie, boucle, ou ardillon qui viendra à manquer. — Ainsi je ne m’échauffe jamais, je prends le bon et le mauvais selon qu’ils se présentent, et je poursuis mon chemin. —

— « Fais-en de même, mon garçon, lui dis-je. » Il avoit déjà perdu cinq minutes en