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moitié son livre, c’est que je voulois montrer l’origine de cette relation que la nature a mise entre le père et son enfant ; aussi-bien que le principe du droit et de la jurisdiction que le premier acquiert, sur l’autre : par le mariage, par l’adoption, — par la légitimation, — enfin par la procréation.

« — Je considère chaque moyen à son rang ». —

« Il en est un, répliqua Yorick, qui ne me semble pas d’un grand poids. — C’est du dernier que je parle ; et en effet, si les soins du père se bornent à la procréation, je ne vois pas quels si grands droits il acquiert sur son enfant, ni quels si grands devoirs celui-ci contracte envers lui. — Quels devoirs ! s’écria mon père, ceux de la créature à l’égard du créateur ; — ceux de l’homme à l’égard de Dieu.

» — J’avoue, continua-t-il, qu’à ce compte l’enfant n’est pas autant sous la puissance et la jurisdiction de la mère. — Il me semble pourtant, dit Yorick, que les droits de la mère sont les mêmes. — Elle est elle-même sous l’autorité, dit mon père ; et d’ailleurs, ajouta-t-il, en secouant la tête, elle n’est pas, Yorick, le principal agent. — Comment cela ? dit mon oncle Tobie, en quittant sa