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Yorick, citant le passage (οἶκον μὲν πρώτιστα, γυναῖκά τε βοῦν τ’ ἀροτῆρα.) — Un taureau eût été trop farouche, trop indocile. — Il y a encore une meilleure raison, dit mon père, en trempant sa plume dans l’encrier ; c’est que le bœuf étant le plus patient des animaux, et le plus propre à labourer la terre, d’où l’homme devoit tirer sa subsistance, il étoit à-la-fois l’instrument et l’emblême le plus convenable, que le créateur pût associer au couple nouvellement joint. » —

« — Mais voici, dit mon oncle Tobie, une raison en faveur du bœuf, plus forte que toutes les autres. — (Mon père ne put prendre sur lui de retirer sa plume du cornet, avant d’avoir entendu la raison de mon oncle Tobie). Quand la terre fut labourée, dit mon oncle Tobie, que les moissons eurent paru, et qu’il fut question de les renfermer, alors les hommes eurent recours aux palissades, aux murs, aux fossés ; et ce fut-là l’origine des fortifications. — Bien ! — bien ! cher Tobie, s’écria mon père ». — Il effaça le mot taureau, et mit bœuf à sa place.

Mon père fit signe à Trim de moucher la chandelle, et résuma ainsi son discours.

« Ce qui m’a amené à cette dissertation, poursuivit-il négligemment, et fermant à