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effrayée, la moindre joie et la moindre consolation ; lorsqu’elle prie sans cesse jusqu’à ce que son imagination s’échauffe, qu’elle jeûne, se mortifie et s’attriste jusqu’à ce que son corps soit aussi malade que son esprit, il n’est pas étonnant que les conflits et les disparates qui s’engendrent dans un estomac vide, et sont reçus et interprétés par une tête plus vide encore, produisent, par cette combinaison, des effets et des ouvrages fâcheux. Un homme dans cette situation est plus fait pour un médecin, que pour être apôtre.


SUR L’HUMILITÉ.


Les injures et les offenses sont la règle la plus sûre pour juger entre les inconvéniens de l’orgueil et les avantages de l’humilité. Les déplaisirs de l’homme vain sont toujours en raison de sa vanité : l’injure s’élève à la hauteur de son opinion ; et sa fierté est la mesure de son ressentiment. C’est ainsi qu’il aiguise lui-même le fer qui le frappe, et qu’il excite dans sa plaie cette fermentation interne, qui la rend incurable.

Combien l’homme humble diffère de lui ! Il échappe à la moitié de ces chagrins, et l’autre moitié tombe légèrement sur lui. Il ne provoque pas les hommes par le mépris ;