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humaines ; la peinture vivante d’un cheval de bataille, du livre de Job, dans laquelle il n’y a pas un seul mot dont la beauté n’exige un commentaire particulier. Je pourrois y ajouter ces reproches tendres et pathétiques aux enfans d’Israël, qui éclatent dans les prophètes, et dont le lecteur le plus froid et le plus prévenu a tant de peine de n’être pas affecté :

« Ô habitans de Jérusalem, et vous hommes de Juda ! décidez, je vous prie, entre ma vigne et moi. Que pouvois-je faire de plus pour ma vigne, que ce que j’ai fait ? eh bien ! lorsque j’attendois qu’elle me donnât des raisins, elle me jette quelques grappes sauvages. Mais, direz-vous, la voie du Seigneur est inégale : écoutez à présent, maison d’Israël, c’est la vôtre qui l’est, et non pas la mienne. Ai-je quelque plaisir à voir l’homme s’égarer et mourir ? n’en aurois-je pas davantage à le voir revenir et vivre ? j’ai nourri, j’ai élevé des enfans, et ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connoît son maître, l’âne connoît la crêche du sien ; mais Israël ne me connoît pas : mon peuple ne veut pas me connoître ! »

Non, il n’est rien dans les livres des payens, qui soit comparable à l’éloquence, à la viva-