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CHAPITRE LXX.

Cela ne réussit pas bien.


Quand je réfléchis sur l’homme, frère, et que j’examine ce côté sombre où la vie humaine se peint dans des nuages de trouble et d’affliction ; quand je considère combien de fois nous mangeons du pain de douleur, que nous sommes nés pour la peine, et que les tourmens sont une des principales portions de notre héritage….

Ma foi ! dit mon oncle, je crois que je suis né pour rien, si ce n’est pour ma commission.

Comment, dit mon père, qui craignoit quelque soudaine invasion militaire de mon oncle Tobie, est-ce que mon oncle ne vous a pas laissé cent vingt livres sterling de rente ?

Eh ! qu’aurois-je fait sans cela ? reprit mon oncle Tobie.

Ce n’est pas là de quoi il s’agit, dit mon père. Je vous disois, frère Tobie, que lorsque l’on fait le calcul de tous les malheurs, item, dont la vie de l’homme est surchargée, il est impossible de concevoir dans quelles sources cachées il puise des forces pour y résister.