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fortune et de la calomnie. Chassé par l’un, accusé par l’autre… Mais pourquoi ne suis-je pas resté à Strasbourg ? la justice… ô Julie !…

Mais que diable as-tu donc à dresser ainsi les oreilles ? eh ! va, ce n’est qu’un homme qui passe.

Voilà comme l’étranger s’entretenoit, chemin faisant avec sa mule, sa Julie et lui-même. Il aperçut une auberge, et mit pied à terre. Ayez soin de ma mule, dit-il au garçon, et que l’on me donne une chambre et à souper. Le voyageur soupa et se mit au lit à dix heures précises ; à dix heures quatre minutes il ronfloit d’importance.

Quelle différence à Strasbourg ! ce ne fut qu’à minuit que le calme avoit succédé au tumulte excité par l’apparition de l’étranger. Mais quel calme ! on étoit couché et l’on ne dormoit pas. L’abbesse de Quedleimbergh qui étoit venue à Strasbourg avec les quatre grandes dignitaires de son chapitre, la doyenne, la prieure, la chevecière et la première chanoinesse, pour consulter l’université sur un cas de conscience relatif à la fente de leurs jupes, passa la nuit fort mal à son aise.

Le nez merveilleux de l’étranger s’étant