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Oui-dà ! dit l’étranger, qui alloit toujours tout doucement, oui !… dit-il, en laissant tomber la bride sur le cou de sa mule, et croisant ses mains sur sa poitrine. Non, non, poursuivit-il en levant les yeux au ciel, non, non : le monde m’a trop maltraité, pour que je laisse prendre cette conviction à qui que ce soit. J’en fais vœu ; personne ne me tâtera le nez tant qu’il me restera assez de force pour….

Pourquoi ? s’écria la femme d’un bourgmestre qui passoit, suivie d’un petit laquais.

Et vous aussi, madame, vous voudriez me tâter le….

Au reste, il ne fit pas la moindre attention à ce que lui dit la femme du bourgmestre. Il étoit occupé, pendant qu’elle parloit, à faire un vœu à Saint-Nicolas. Son vœu fait, il decroisa ses mains, reprit la bride de sa mule, et son cimeterre suspendu, il s’achemina au petit pas dans les rues de Strasbourg, jusqu’à ce qu’enfin le hasard le conduisît à la porte d’une grande auberge, sur la place du marché, vis-à-vis d’une église.

À peine l’étranger fut-il descendu, qu’il fit mettre sa mule à l’écurie. Il fit ensuite porter sa valise dans sa chambre ; il en tira une chemise et la mit ; il en tira sa culotte