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sulte, contestera ce point à mon père, et qu’il s’écriera : d’où vient à cet homme son prétendu droit sur cette pomme ? mais n’avez-vous pas remarqué, madame Didius, que les choses, de son propre aveu, étoient ici dans l’état de nature, et que cette pomme étoit aussi bien la pomme de Colin que celle de Jean. Qu’importe ? où sont les patentes, les lois de concession, que l’on peut me faire voir sur cela ? il faut des titres. Où sont les siens ? comment a-t-il pu la considérer comme son bien ? est-ce parce qu’il l’a regardée ? est-ce parce qu’elle lui a fait envie ? est-ce en la cueillant, en la pelant, en la faisant cuire, en la mangeant, en la digérant, qu’il a cru en devenir propriétaire !… mais sont-ce là des titres ?….

Ami Didius, point d’aigreur. Voici notre autre ami Tribonius qui va vous répondre. Il est comme vous un célèbre jurisconsulte ; il est également versé dans le droit civil et dans le droit canon. Il a, de plus que vous, une barbe qui en impose : il va éclaircir tout ce fatras. Sûrement ! s’écria Tribonius. Vous trouverez dans le Syntagma juris universi de Pierre Grégoire, dans le Compendium du célèbre Hermogenius, dans sa collection des lois d’Honorius et de Théodose, et dans tous