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l’a dévorée. Puisse le ciel bienfaisant susciter quelque génie assez ferme, assez éclairé, pour mettre un frein à cette rapacité ! ce seroit une des plus grandes faveurs de l’autorité législative.

Mais voici bien une autre réforme à faire ? chut ! et qu’allois-je dire ! le clergé ! oh ! ce n’est pas moi qui m’y jouerai. Non, non. Je n’en ai pas la moindre envie ; et puis, quand ce seroit mon intention, oserois-je parler sur un sujet aussi grave, avec des nerfs aussi débiles, une vue aussi courte, et des esprits qui ont si peu de vigueur ? je le répète, je n’en ferai rien. D’ailleurs la gaieté de mon caractère, mon état, ma manière de vivre, ma façon de penser, mon goût, mon tempérament ne me permettent pas de m’appésantir sur un sujet qui est si capable d’attrister, et qui, de quelque côté qu’on l’examine, ne présente dans tous les âges que des choses mélancoliques. Quoi donc ? il faudrait que je gémisse à chaque mot ? je m’exposerois à cette affection douloureuse ? baissons plutôt la toile, et vive la joie !

Tâchons surtout d’avoir assez d’esprit et de jugement pour bien conduire notre barque dans ce monde, et vive la joie !

Ayons-en assez pour voir bien des sottises