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gons que l’on jargonne dans ce monde jargonnant, et qu’on y a jargonne depuis qu’on y jargonne ; le jargon le plus insipide, le plus assomant, est à mon avis le jargon d’un jargonneur de critique, d’un de ces connoisseurs à toute épreuve, d’un de ces amateurs à tous venans, qui ne sait très-souvent ce qu’il dit.

Grand Apollon ! si tu es dans ton humeur donnante ! ah ! donne-moi, je te prie, une dose de ton esprit divin, pénètre-moi d’un de tes rayons, et charge Mercure, s’il n’a rien à faire, de porter à Monsieur… (il n’importe qui) les règles et les compas, et fais-lui faire mes complimens. —

Ce n’est point à lui, ce n’est point à ses nombreux confrères que je veux faire la preuve que j’ai annoncée. — Il s’agit, comme vous savez, de prouver que toutes les imprécations, que tous les juremens que nous avons faits dans le monde, depuis deux siècles et demi, ne sont rien moins qu’originaux. — Que Dieu le damne, par exemple ! Eh bien ! ce jurement-là passe. Mais ouvrez Ernulphe et comparez… Ne l’y retrouvez-vous pas ? Il n’y a qu’une différence ; c’est qu’on est fort au-dessous du modèle. Nous ne pouvons atteindre à sa manière. Elle a quelque