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rés des colifichets et des brinborions de la critique, ils ont la tête si remplie de principes, de règles, de compas, ils l’ont si bien meublée de termes techniques, ils sont surtout si jaloux de faire à tous propos des applications bonnes ou mauvaises de ce qu’ils savent, qu’en vérité il vaudroit mieux tout d’un coup se résoudre à sacrifier un ouvrage de génie, que de souffrir qu’il soit déchiré et mutilé de cette manière. — Je sais cela. Milord C. le sait aussi à merveille. — Comment Garrick, disoit-il l’autre jour à un de ces messieurs, a-t-il débité son monologue hier ?… Ah ! milord, contre toutes les règles. Il a bravé tous les principes de la grammaire. Croiriez vous-bien ?… enfin, voici ce qu’il a fait… Il n’y a personne qui ne sache que le substantif et l’adjectif doivent s’accorder en nombre, en genre, en cas… J’ai appris cela, moi, le premier jour qu’on m’a fait lire mon rudiment. C’est un principe sûr, et malheur à ceux qui s’en écartent ! Malheur surtout à ceux dont les oreilles se trouvent là, et qui sont frappées des bévues que font les gens qui parlent… Mais Garrick, qui ne se doutoit pas apparemment que les miennes y fussent, Garrick, ce fameux parangon, ce célèbre prototype de toute la gent théâtrale…