Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais alors j’ai toujours eu la présence d’esprit..... Vous aviez raison, dit mon oncle Tobie… de ménager les choses de manière qu’elles répondissent à mon but ; c’est-à-dire, que je ne jurois précisément qu’autant qu’il falloit pour dissiper la cause qui m’obligeoit à me servir de ce remède. — Un homme sage devroit toujours avoir l’attention d’en peser la dose sur le besoin qu’il en a, et dans une proportion exacte avec la révolution qu’il éprouve dans ses humeurs, et selon qu’il a été plus ou moins affecté de l’injure qu’il a reçue, et de l’intention qu’on a eu en lui faisant injure.

Les injures, dit mon oncle Tobie, ne partent que du cœur.

C’est pour cela, continua mon père, avec la gravité de Miguel de Cervantes, que j’ai toujours eu la plus grande vénération pour un grand homme, docteur Slop, que vous ne connoissez pas, et qui, dans la défiance qu’il avoit de sa propre discrétion sur ce point, écrivit à son loisir une espèce de dispensaire à ce sujet. — Il y indiqua toutes les espèces de juremens, d’imprécations, de malédictions, dont on pouvoit faire usage dans les circonstances, depuis la plus légère pro-