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donné des ordres précis à la vieille sage-femme de nous avertir aussitôt qu’il surviendrait quelque difficulté…

— Des ordres à la vieille sage-femme ? reprit le docteur Slop. Quoi ! que voulez-vous dire ? Qu’est-ce que cela signifie ?

— Ne vous fâchez point, docteur, dit mon père en souriant, avec un air d’embarras. Il faut que vous sachiez que vous n’êtes ici qu’en qualité d’auxiliaire. Ce sont les termes d’un traité solennel qui s’est fait, bien contre mon gré, entre ma femme et moi. Il est même convenu que vous ne serez d’aucun secours, si la vieille sage-femme est assez adroite pour se passer de vous.

— Mais, comment diable ?…

— J’ai fait ce que j’ai pu, continua mon père, mais les femmes ne se mènent pas toujours comme on veut ; elles ont leurs idées : et puis, à parler vrai, ce n’est pas nous qui sommes là. Elles portent tout le fardeau ; il faut bien leur passer quelque chose, et le moins qu’on puisse leur permettre en cette occasion, c’est d’agir en souveraines, et de se mettre entre les mains de qui bon leur semble….

Elles ont raison, dit mon oncle Tobie… Mais, monsieur, reprit le docteur Slop, en