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silence lorsqu’on plaide une cause ; si la passion fuyoit des tribunaux, et ne prononçoit pas la sentence, au lieu de la laisser porter à la raison qui seule devroit servir de guide…

» — Si tout cela étoit, je l’avoue, l’état religieux et moral de l’homme seroit ce qu’il estimeroit lui-même ; il apprécieroit ses crimes ou son innocence ; son approbation ou sa censure personnelle seroient ses juges.

» Je conviens que l’homme est coupable quand sa conscience l’accuse… Il est bien rare qu’elle se trompe à cet égard. — On peut prononcer alors avec sûreté qu’il y a des motifs suffisans pour justifier l’accusation dans tous les cas ; excepté, cependant, les cas mélancoliques-hypocondriaques.

» Mais prétendre que la conscience accuse, lorsqu’il y a crime, c’est une fausse proposition.

» Prétendre que l’homme est innocent, si la conscience ne l’accuse pas, c’est une fausse conséquence.

» Qu’un chrétien rende grâce à Dieu de ce que son esprit ne l’accuse pas ; qu’il s’imagine que sa conscience est bonne, parce qu’elle est tranquille : rien n’est si fréquent. Mille personnes se font tous les