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n’avoit point de fiel. Il continua de discourir sur le même sujet, pour faire voir à mon père qu’il n’avoit aucun ressentiment.

Votre apparition subite, docteur Slop, dit mon oncle Tobie, en reprenant le discours, m’a sur-le-champ fait souvenir de Stévinus ; et l’on pense bien que mon père ne s’avisa plus de vouloir gager que Stévinus étoit un ingénieur. —

Et je m’en suis souvenu, continua mon oncle Tobie, parce que c’est lui, Stévinus, ce fameux ingénieur, qui a inventé ce chariot à voiles qu’avoit le prince Maurice de Nassau, et qui alloit si vite, que cinq ou six personnes, en quelques minutes, pouvoient se trouver à trente milles d’Allemagne du lieu où elles étoient parties.

Parbleu ! dit le docteur Slop, votre domestique est boiteux. Vous auriez bien pu lui épargner la peine d’aller chercher la description de cette voiture dans Stévinus. — Je la connois. À mon retour de Leyde, en passant par la Haye, je fis deux grands milles à pied, exprès pour l’aller voir à Scheuling.

Deux milles ! voilà grand’chose, répliqua mon oncle Tobie, en comparaison de ce que fit le savant Peyreskius pour satisfaire sa curiosité ! — Il alla, lui, exprès et à pied, de