Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quoi donc ? répond tout surpris mon oncle Tobie… En quoi ? Et vous me le demandez ? répliqua mon père, vous ? Est-il possible, frère, qu’un homme à votre âge sache si peu ce qui concerne les femmes ? — Ma foi ! dit mon oncle Tobie, j’ignore tout ce qui peut les regarder. — Et il me semble que le choc que je reçus l’année qui suivit la démolition de Dunkerque, dans mon affaire avec la veuve Wadman, et qui ne venoit que de mon ignorance, justifie assez l’aveu que je fais, que je ne connois point les femmes, que je ne prétends point les connoître, et que je ne veux pas connoître davantage ce qui peut les regarder..... Il me semble ! Il me semble ! dit mon père impatienté. Eh bien ! il me semble à moi, frère Tobie, que vous devriez au moins savoir distinguer le bon côté d’une femme d’avec le mauvais. —

J’ai lu dans le chef-d’œuvre d’Aristote, que lorsqu’un homme pense à une chose passée, il baisse les yeux vers la terre ; et qu’il les lève au contraire vers le ciel quand il songe à l’avenir.

Apparemment que mon oncle Tobie ne songeoit ni au passé, ni au futur : il regardoit ; mais c’étoit horizontalement.

Le bon côté d’une femme ! disoit-il entre