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domestique, et l’on peut dire qu’il lui fut très-utile. Il lui avoit servi à-la-fois de valet, de palefrenier, de barbier, de cuisinier, de tailleur, et de garde-malade en campagne, et en quartier d’hiver, et depuis, il l’avoit toujours servi avec beaucoup d’affection et de fidélité.

Mon oncle Tobie l’aimoit ; leurs connoissances réciproques avoient même fortifié l’attachement qu’ils avoient l’un pour l’autre. Trim, attentif aux discours de son maître sur les fortifications, avoit fait des progrès dans la science : il lisoit, avec cela, les mêmes livres que mon oncle ; il observoit ses plans, ses marches, ses combinaisons. — Le garçon de cuisine de mon père, et la femme de chambre de ma mère le croyoient pour le moins aussi instruit que mon oncle Tobie lui-même.

Je n’ai plus qu’un coup de pinceau pour achever le caractère du caporal Trim : c’est la seule ombre qu’il y ait à son tableau. Mais enfin, Trim avoit ce défaut : il aimoit à donner des conseils, ou plutôt, il aimoit à s’écouter parler. — Avouons pourtant qu’il étoit si respectueux, si soumis, qu’on pouvoit aisément le tenir dans le silence, quand il n’avoit pas commencé à discourir. Mais si malheureusement on lui permettoit une fois d’ouvrir la