Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils choisissent le moindre mal ; ils trouvent qu’ils sont plus excusables de manquer à la vérité qu’à sa beauté. — Cela souffre peut-être quelque restriction ; mais qu’importe ? Je n’ai fait cette comparaison que pour laisser un peu réfroidir mon apostrophe, et je m’embarrasse fort peu du jugement que le public portera de la comparaison.

Mon oncle Tobie, à la fin de la troisième année, voyant que le paramètre et le semi-paramètre de la section conique irritoit trop sa blessure, quitta, avec un peu d’humeur, l’étude de l’artillerie. — Mais ne croyez pas que ce fût pour abandonner au repos et à l’oisiveté. Il se livra tout entier à la partie pratique des fortifications, dont l’agrément le captiva avec une force redoublée, comme celle d’un ressort long-temps comprimé. —

Mon oncle Tobie, qui, jusqu’alors avoit eu pour habitude de changer de chemise tous les jours, commença dans ce temps à en changer moins régulièrement. Son barbier venoit très-souvent en vain. À peine donnoit-il le temps à son chirurgien de panser sa blessure. Son esprit étoit si occupé ailleurs, il étoit si étendu sur d’autres objets, qu’il lui demandoit très-rarement comment elle alloit ; mais l’éclair n’est pas plus prompt. Une étin-