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au systême du gouvernement monarchique que Dieu même avoit établi dans les familles, lors de la Première création des choses ?

Son opinion sur ce point étoit précisément celle du chevalier Filmer. — Il disoit, comme lui, que le plan et l’institution des plus grandes monarchies des parties orientales du monde avoient originairement été formés sur ce modèle, sur ce prototype admirable du pouvoir domestique et paternel. Cela avoit dégénéré peu-à-peu dans un gouvernement mixte et mélangé, qui, dans les grandes combinaisons des grands états, étoit salutaire ; mais qui étoit dangereux pour les familles, et n’y produisoit ordinairement que du trouble, du désordre et de la confusion.

Frappé de la force de ces raisons particulières et publiques, mon père vouloit un accoucheur. — Ma mère n’en vouloit pas. Mon père prioit, supplioit, faisoit mille instances, pour qu’elle lui permît, seulement cette fois-ci, de choisir pour elle. — Ma mère, au contraire, insistoit sur le privilège qu’elle avoit à cet égard de choisir pour elle-même. — Elle ne vouloit point d’autre secours que celui de la sage-femme. — Que pouvoit faire mon père ? — Il ne pouvoit prendre de repos. — Il raisonnoit avec elle en tout sens ; ses argumens