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CHAPITRE XIV.


Ces digressions sont-elles enfin terminées ? — Et cette rapsodie prendra-t-elle une forme ? Oui, mon cher lecteur, je sens qu’il est temps de vous ramener à mon sujet. Retournons donc à la sage-femme ; elle joue un grand rôle dans mon histoire, et j’aurois tort de l’oublier. — D’ailleurs, quoi de plus utile dans le besoin ? La chère femme est encore existante, et je vais tout de bon l’introduire. Tel est, du moins à présent, mon dessein. Mais j’ignore si quelque matière nouvelle, si quelque affaire imprévue ne surviendra pas inopinément entre nous ; et en ce cas, j’irois au plus pressé.

Je vous ai dit, je crois, que cette bonne femme étoit fort considérée dans notre village, et dans tous les hameaux des environs, et que sa réputation s’étendoit jusqu’aux extrémités du cercle dont elle étoit environnée. — Mais il n’y avoit rien en cela d’extraordinaire. — Chaque ame vivante, pauvre ou riche, a un pareil cercle autour d’elle ; — et la seule chose que je vous demande, lorsqu’on vous dit que telle ou telle personne est d’un grand poids, d’une grande impor-