pour dix de vos épigrammes, vous ne vous êtes fait cent ennemis. — Mais jusqu’à ce que vous vous soyez attiré un essaim de guêpes, qui vous piquent de toutes parts, je le vois, vous ne croirez pas ce que je vous dis.
» Vous savez, mon cher Yorick, combien je vous aime. Je connois votre droiture ; je sais que vos railleries ne partent pas d’une malignité bilieuse. — Elles viennent de la candeur et de la gaieté de votre ame. Mais songez que les sots ne savent pas faire cette distinction, et que les fourbes et les méchans ne veulent pas la faire. — Et vous ne voulez pas voir le danger d’irriter les uns et de plaisanter les autres ! Vous vous perdez, mon ami. Ils vont se liguer et se prêter un secours mutuel ; vous pouvez compter qu’ils vont vous faire une guerre qui vous rendra la vie même à charge.
» La vengeance, croyez-moi, vous portera de quelque coin des coups funestes, qui attaqueront votre honneur, et que l’innocence et l’intégrité de votre conduite ne pourront jamais parer. — Votre fortune, votre maison en seront ébranlées. — Votre caractère, qui a malheureusement montré à vos ennemis la route qu’il faut suivre