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lui ôtoit absolument les moyens de faire d’autres actes de bienfaisance dans sa paroisse. Quel bien faisoit-il par-là ? Cher curé, vous ne trouviez pas mauvais que vos paroissiennes fissent des enfans, et accouchassent ; mais votre cœur compatissant se plaignoit de n’être utile qu’à elles. — Vous n’aviez plus rien pour secourir les infirmes. — Rien pour les gens âgés. — Rien pour porter la consolation dans ces demeures pitoyables, où la pauvreté, la maladie, les afflictions faisoient périr de misère les malheureux que vous alliez visiter.

Ces raisons le déterminèrent à supprimer cette dépense. Il n’y avoit que deux moyens de l’éviter. — C’étoit, ou de prendre la ferme résolution de ne plus prêter son cheval, quelque prière qu’on lui en fît, ou de se résoudre à monter le dernier qu’on lui auroit ruiné tant qu’il pourroit aller.

Il se défioit de sa fermeté, sur le refus, et il embrassa gaiement le dernier moyen. — Les raisons qui le faisoient agir ainsi lui auroient fait honneur ; mais c’étoit pour cela même qu’il ne vouloit pas les dire. Il aimoit mieux souffrir le mépris de ses ennemis, et les railleries de ses amis, que de publier une histoire qui ne pouvoit que lui attirer des louanges.

Ah ! j’ai la plus haute idée des sentimens