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reste de ce chapitre. — Je ne l’écris que pour les curieux qui aiment et qui cherchent des choses abstraites.

— Fermez la porte. — Fort bien ! — La précaution étoit nécessaire pour écarter les yeux profanes d’un pareil mystère. — Bon jour, bonne œuvre. — Ce fut le dimanche… un peu tard… vers minuit, peut-être… oui, on touchoit presque au lundi… et ce dimanche étoit le premier du mois de mars 1718. — Mon père… je ne sais pas précisément la minute, et c’est peut-être ce qui causa l’inquiétude de ma mère… mon père m’ajouta au nombre des êtres humains qui devoient voir le jour neuf mois après. — Mais comment savez-vous cela ? — Comment ? oh ! je le sais très-bien. Ce n’est cependant pas, je l’avouerai, parce que je me trouvai là inopinément. Je ne dois cette certitude qu’à une autre anecdote qui n’est connue que dans notre famille. La voici : Il faut savoir que mon père avoit fait, pendant plusieurs années, le commerce de Turquie. Il l’avoit quitté depuis quelque temps, et s’étoit retiré sur ses terres, dans le comté de… pour y vivre et mourir plus paisiblement. — C’étoit peut-être l’homme du monde le plus exact. Il ne faisoit rien qu’avec poids et mesure. Ses affaires, et même ses amusemens,