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VIE

ET OPINIONS

DE

TRISTRAM SHANDY.







CHAPITRE PREMIER.

C’étoit bien à cela qu’il falloit penser.


Je l’ai toujours dit : il auroit été à souhaiter que mon père ou ma mère, et pourquoi pas même tous deux, eussent apporté quelque attention à ce qu’ils faisoient, quand il leur plut de me donner l’existence. Ils y étoient également obligés. Eh ! pouvoient-ils réfléchir trop mûrement sur les conséquences qui devoient résulter de l’important ouvrage dont ils s’occupoient en ce moment ? Il ne s’agissoit rien moins que de la production d’un être raisonnable. Les heureuses proportions de son corps, son tempérament, son génie, la tournure de son esprit, et peut-être même la fortune de toute leur maison, étoient autant de points capitaux qui dépendoient de la disposition des humeurs dont ils étoient dominés