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Sur le point de se rendre dans la Vendée, mon père, avec deux de ses amis, MM. de Malartic et de la Béraudière, avait été mandé dans le cabinet de Fouché. On sait combien était, à ce moment, équivoque l’attitude du ministre de la police. Il nouait de tous côtés des fils, prévoyait toutes les chances, prenait tous les masques. Dans les entours du comte d’Artois, on se flattait de l’avoir gagné. Fouché s’entretint longtemps, et en apparence confidemment, de la situation, avec mon père et ses deux amis. Il leur représenta que le rétablissement des Bourbons dépendait uniquement de la lutte qui allait s’engager entre l’armée de Napoléon et les armées alliées. Il leur démontra sans peine que le soulèvement des paysans vendéens ne pourrait pas tenir contre vingt-cinq mille hommes de troupes régulières, commandées par les généraux Lamarque et Travot, soutenues par la garde nationale des villes. Il les exhorta à se rendre auprès de leurs compagnons d’armes, en qualité de pacificateurs, pour leur exposer la vérité des choses, et les détourner d’un combat trop inégal, qui n’avait aucune chance de succès.

Les trois amis persuadés acceptèrent la mission qui leur était offerte. Ils se rendirent auprès des chefs vendéens. Ils y furent écoutés diversement. MM. de Sapinaud, de Suzannet, d’Andigné, d’Autichamp, prêtèrent l’oreille à la proposition d’une suspension