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Apelle, les Protogène, les Zeuxis, les Phidias et les Praxitèle. » Quant à la bonne foi des marchands, elle est du temps d’Astrée. Il n’en excepte pas les Juifs qui a oublient ici en quelque sorte l’esprit judaïque » et qui, « s’ils ne sont pas pour le marché un ornement, lui sont du moins d’un bon secours, particulièrement pour le change des monnaies ».

Mais ce que Henri Estienne exalte au-dessus de tout dans Francfort, c’est ce qu’il appelle le Marché des Muses, ou l’Exposition universelle des lettres, c’est-à-dire la réunion convoquée à l’époque des foires, des libraires, des typographes, des poètes, des orateurs, des historiens, des mathématiciens, des philosophes venus en grand nombre des académies de Wittemberg, de Leipzig, de Heidelberg, de Strasbourg, de Louvain, de Padoue, d’Oxford, de Cambridge. Il se croit à Athènes et ne se sent pas d’aise avoir ainsi les Muses « en société amicale avec Mars, et logées sous des toits presque contigus aux siens » .


Tecta colit Mavors quod nunc vicina Camœnis,
Fallor ego, aut fausto hæc omine tecta colit.
Bellorum pertæsus amat nunc ille camœnas,
Quod se indigna videt perfida bella geri.

(Francofordiensis Emporii encomium,
ab Henrico Stephano scriptum.!)